Fondation
Boulieu
Comme chaque année, et pour la neuvième fois, la Fondation Caritas France a réuni les fondations abritées sous son égide pour deux journées d’échanges et de formation. Les 50 fondations présentes ont ainsi pu assister à la remise du Prix de recherche Caritas, à une table ronde avec de jeunes entrepreneurs sociaux et à des sessions de formation et d’information. L’occasion de réfléchir aux moyens de lutter contre la pauvreté, de partager les expériences et de rencontrer ses pairs.
Acte 1 – sortir de la pauvreté, pas si simple
Dès le jeudi après-midi, rendez-vous à l’Institut de France pour la remise du 9ème Prix de recherche Caritas. Décerné chaque année à un travail particulièrement remarquable sur les mécanismes de la pauvreté, il est remis cette année à une jeune universitaire nantaise Claire Auzuret pour sa thèse “Analyse des processus de sortie de la pauvreté : pauvre un jour, pauvre toujours ?”. En s’appuyant sur une étude de terrain au long cours et en mobilisant les concepts de pauvretés administrative, monétaire, relationnelle ou subjective, Claire Auzuret brosse un portrait contrasté de la pauvreté d’aujourd’hui. Loin d’être une question purement économique, celle-ci apparaît alors telle qu’elle est : complexe, multifactorielle et surtout terriblement difficile à laisser derrière soi.
En effet, au fil de son travail, C.Auzuret dessine trois trajectoires possibles: les sorties pérennes, les parcours d’installation dans la pauvreté dans lesquels se mêlent la perte de confiance en soi, l’instabilité chronique (du logement, du travail…) ou encore l’effilochement des réseaux amicaux ou familiaux. Enfin, C.Auzuret pointe les parcours “d’aller-retour” entre pauvreté et non-pauvreté, dû par exemple à des formes d’emploi mal-adaptées (intérim non-qualifié, temps partiel subi…).
Quelques jours après la publication du Plan Pauvreté du gouvernement, cette brillante présentation ne manqua pas de faire réagir les représentants du jury et l’assistance. M.Darcos, Chancelier de l’Institut de France, souligne le rôle des élus locaux dans le maillage territorial; M.Dubois, président de la Fondation Caritas France, insiste sur l’importance de travaux de recherche à même de nourrir la réflexion politique. Enfin, M.Duvoux, lauréat 2010 du Prix Caritas et aujourd’hui professeur de sociologie à Paris 8 conclut par une présentation du “sentiment de pauvreté”. Loin de ne se mesurer qu’à l’aune des critères monétaires ou administratifs, celle-ci a en effet des aspects relationnels (importance du réseau d’amis ou familial pour s’en sortir) ou psychologiques. Dans ce dernier cas, le sentiment d’abandon peut entraîner une forme de résignation/acceptation et l’installation dans la pauvreté.
Doté de 10000€, le Prix de recherche Caritas a été remis en présence de plusieurs fondateurs (pour certains accompagnés de leurs familles), de personnalités ou de porteurs de projets soutenus par la Fondation Caritas France. Les échanges se sont prolongés autour du verre de l’amitié.
Acte 2 – Contre la pauvreté, montrer les recettes qui marchent.
Au lendemain de cet évènement, l’ensemble des fondations abritées sous l’égide de la Fondation Caritas France avait rendez-vous pour une journée d’échange et d’atelier. Pour démarrer, une table ronde 100% Next Generation avec quatre jeunes entrepreneurs sociaux:
Malgré des parcours différents, et des niveaux de maturité très hétérogènes, ces 4 socialpreneurs se rejoignent sur trois points : l’importance d’une “colonne vertébrale de valeurs” ; un diptyque humilité/ambition et le nécessaire dialogue entre porteurs de projets et financeurs (notamment sur la question du fonctionnement).
En écho à la journée précédente, Nicolas Duvoux est quant à lui revenu sur la genèse du Plan Pauvreté et a permis à l’assistance de décoder une annonce somme toute très technique. A retenir :
Cette matinée, enrichie par le dernier rapport de notre trésorier, M.Micol et par les interventions de son successeur (M.Colmant), de notre Directrice Administrative et Financière et des chargées de suivies des fondations abritées, a été entrecoupée de plusieurs temps d’échanges et de networking entre fondateurs.
Acte 3 – les recettes qui marchent, étude de cas.
A un déjeuner convivial a suivi une répartition des participants en trois ateliers:
Dans cet atelier, plusieurs retours d’expérience sur la façon dont confiance en soi, remobilisation, accompagnement social et qualification sont trois éléments indispensables de la reprise pérenne d’une activité. Avec des témoignages poignants comme celui de M. Bataillard expliquant comment, en faisant travailler une jeune femme devant un miroir, les équipes de Fleurs de Cocagne lui ont permis de se (re)voir au travail et de retrouver confiance en elle.
Animé par trois créateurs de fondation abritées sous l’égide de la Fondation Caritas France, ces trois témoignages ont permis de donner à voir et à entendre différentes expériences dans le domaine de l’éducation:
Si toutes ces initiatives varient dans les publics visés et les modalités d’action, elles sont cependant toutes le fruit de la mise en relation d’acteurs et de rencontres humaines, des valeurs au cœur de l’action de la Fondation Caritas France et de ces journées.
Avec des témoignages de trois associations intervenants sur des territoires extrêmement différents, cet atelier faisait se rencontrer les extrêmes:
Clôturée par un temps de mise en commun, cette seconde journée d’échanges et de réflexion a permis de tisser de liens entre fondateurs, de rapprocher encore davantage la communauté Caritas et de lancer plusieurs appels. En effet, l’année à venir s’annonce dense avec des enjeux de développement des ressources importants et un voyage de terrain aux Philippines en préparation ainsi que la célébration du dixième anniversaire de la création de la Fondation Caritas France.