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#CaritasTerrain - A Calais: le pain, le partage et les exilés

#CaritasTerrain - A Calais: le pain, le partage et les exilés

La Fondation Caritas France (FCF) propose régulièrement à ses fondateurs d’aller sur le terrain au plus proche des projets. Pour ses 10 ans, la FCF a construit un programme de visites – en France et à l’international- afin de permettre aux créateurs de fondations abritées d’aller à la rencontre de celles et ceux qui s’engagent au quotidien contre la pauvreté et l’exclusion.

Pour le mois de mars, nous proposions un voyage de terrain à Calais. Au programme : la visite de l’antenne locale de l’association Pain et Partage ainsi que l’accueil de jour du Secours Catholique.

 

Du pain bio, équitable et solidaire

Première étape à la boulangerie solidaire Pain et Partage Calais. Pas de croissant pour les visiteurs mais un étonnant pain au cacao. Membre du réseau Bou’Sol, ce chantier d’insertion veut produire un pain bio et solidaire, du champ jusqu’à l’assiette. Pour réaliser cet ambitieux objectif, tout est mis en œuvre :

  • Des farines et des matières premières produits localement et une vraie relation de confiance avec les producteurs locaux
  • Des pétrins et des pains réalisés par 3 salariés en insertion : 2 boulangers et un chauffeur livreur. Avec un chef-boulanger pour enseigner le métier et veiller à la qualité.
  • Des produits vendus à la restauration collective (écoles, EPHAD…) et aux entreprises

Si Bou’sol a commencé son aventure à Marseille, le chapitre calaisien de son histoire démarre en 2012. Anne Lecerf et Alain Cammas sont alors gérant et président d’un chantier d’insertion via des activités de blanchisserie/couture. « On voulait développer un support d’insertion adressé aux jeunes. Je découvre alors l’existence du réseau Bou’Sol. J’envoie un mail et, coup de chance, leur responsable est à Calais 15 jours plus tard. On s’est rencontrés et tout est parti de là. »

Pourtant, de l’idée au projet, le chemin est long. Une première phase d’étude/action est menée en 2014 avant que l’année 2015 et ses élections départementales puis régionales n’arrêtent momentanément la progression. Mais l’équipe ne lâche pas son idée : en 2016, le local est trouvé (prêté par la mairie) et les travaux démarrent. C’est à ce moment que la Fondation Caritas France soutient le projet à hauteur de 20000€.

Il faut aussi trouver un chef-boulanger… qui ressemble à un mouton à cinq pattes : un bon pro, habitué au bio et avec l’envie de transmettre son savoir-faire. La perle s’appelle David et après avoir, non sans peine, bouclé le financement, la boulangerie ouvre en mai 2017. « Aujourd’hui notre enjeu c’est de multiplier par deux notre chiffre d’affaire nous dit Anne, mais pour cela, nous devons développer notre infrastructure pour faire une deuxième tournée de livraison et développer nos débouchés. »

Pour cela, la boulangerie est ouverte 7 jours sur 7. « C’est un métier difficile mais on travaille avec des gens formidables. Toujours le sourire, toujours prêt à bosser ».

 

Voir les invisibles

La deuxième étape de notre périple calaisien nous amène le long du canal Calais/Saint-Omer, à l’accueil de jour du Secours-Catholique Caritas France (SCCF). Aujourd’hui, c’est l’effervescence : une opération de police est en cours pour évacuer un campement et les bénévoles essaient d’apporter un peu de chaleur et de réconfort aux migrants qui se présentent.

Autour du déjeuner préparé par un couple iranien, les permanents et bénévoles du Secours Catholique racontent l’histoire des migrations à Calais : les différentes vagues d’exilés qui commencent dans les années 90 et qui continuent depuis. Ils nous disent la solidarité spontanée du début, la structuration d’un système d’aide pour apporter un peu de dignité. Ils relatent aussi les avancées sur le terrain du droit ou dans la relation avec les habitants.

 

 

Aujourd’hui, les bénévoles du SCCF s’appliquent à apporter dignité et repos : offrir un  café mais aussi proposer un atelier de couture ou de peinture, de cuisine, de coiffure, des séances de cinéma, créer une émission de radio pour entendre et partager la parole. Véronique, que tout le monde ici appelle « Mamie », nous montre, pour ce dernier atelier, un drôle de dispositif de table à roulette bricolée pour lancer une webradio: CBB (pour Calais Border Broadcast).

La visite s’achève par une présentation des dessins réalisés par les personnes recueillies à l’accueil de jour. Des oiseaux, des fleurs, des drapeaux des pays d’origine mais aussi des images de torture, de guerre, les camions dans lesquels on cherche à monter, des barbelés et des drapeaux anglais…

Au-delà de situations humaines forcément complexes et au cœur d’enjeux géopolitiques qui les dépassent, c’est aussi l’engagement des bénévoles qui fait le sens de cette visite. Dans un endroit aujourd’hui loin des caméras, cet engagement de conviction, dans la durée, donne un espoir immense.