Michael Cienka - La Cravate Solidaire

Portrait Acteurs de Résilience
Michael Cienka, Responsable du développement à La Cravate Solidaire
FCF – Quel a été le projet porté par votre association dans le cadre du programme Acteurs de Résilience 2021-2023 ? Quels objectifs souhaitiez-vous atteindre ?
La Cravate Solidaire accompagne depuis 12 ans des personnes en recherche active d’emploi dans le cadre des Ateliers Coup de Pouce. Durant les ateliers, les personnes suivent un parcours individuel. Elles choisissent d’abord une tenue professionnelle issue d’un dressing solidaire sur le conseil d’un bénévole coach en image. Elles réalisent ensuite une simulation d’entretien avec un bénévole coach RH : on travaille sur la transmission des codes, la construction d’un discours en accord avec le parcours de chaque personne qu’on accompagne. Elles finissent enfin par un shooting dans un studio photo professionnel : d’abord pour avoir une jolie photo professionnelle, et ensuite pour s’amuser dans la tenue et repartir avec un joli souvenir dans une tenue dans laquelle elles se trouvent belles. 65% des personnes réussissent leurs entretiens après avoir participé à l’Atelier Coup de Pouce.
Le COVID est tombé en 2020 et a eu un impact dramatique sur les publics qu’on accompagnait. Les ateliers sont devenus de plus en plus saturés et il devenait urgent de pouvoir en ouvrir davantage pour répondre aux besoins croissants. Dans le cadre du programme Acteurs de Résilience, l’objectif a donc été de tripler en trois ans le nombre de personnes accompagnées en passant de 2000 à 7000 personnes par an, et cela dans une démarche d’essaimage territorial. Les objectifs étaient quantitatifs mais également qualitatifs pour préserver la qualité de l’accompagnement, en continuant à former notre communauté de bénévoles sur les spécificités des publics qu’on accompagne et sur les spécificités des métiers vers lesquels ils s’orientent. Nous avions aussi l’ambition de collecter plus de tenues de qualité. Enfin, on avait repéré des freins périphériques auxquels nos ateliers ou nos partenaires sociaux ne pouvaient pas toujours répondre de manière pertinente. Nous avons donc voulu créer des accompagnements complémentaires comme par exemple des ateliers de socio-esthétique, des ateliers numériques, ou encore du mentorat pour accompagner dans la durée.
L’année dernière, on a passé le cap des 7000 personnes en accompagnant 12 000 personnes sur l’année. On est aujourd’hui présents sur 14 territoires et sur la période du programme, on a créé une cravate solidaire à Nantes, à Marseille et à Rennes. On est passés de 50 tonnes à 90 tonnes de vêtements récoltés, grâce au grand public qui nous donne de plus en plus mais aussi grâce à un énorme travail avec des marques de textile partenaires qui nous font don d’invendus, ce qui nous permet aujourd’hui d’avoir des dressings de très haute qualité. Enfin, on a renforcé les programmes d’accompagnement périphériques tout comme le projet de cravate solidaire mobile, où l’on aménage des véhicules qui permettent d’élargir le rayonnement des dressing fixes. L’objectif à terme sera de couvrir toute la France avec des dressings fixes et mobiles.
Ces indicateurs sont très positifs et on en est contents mais lorsqu’une association comme la nôtre s’agrandit, ça veut malheureusement dire que les besoins sociaux sont de plus en plus grands et la Fondation Caritas a été le premier partenaire qui nous a fait confiance pour répondre à ces besoins qui explosent.
FCF – Qu’est-ce que le programme a changé pour votre association ? Et quel est votre souvenir le plus marquant concernant le programme ?
Le programme nous a apporté beaucoup de choses. Un soutien financier conséquent sur plusieurs années, avec de la visibilité sur les moyens que l’on met en œuvre pour notre projet et le fait que ces moyens soient non fléchés, cela nous a permis, en fonction des besoins à l’instant T, d’arbitrer et de financer certaines actions qui sont pas forcément toujours sexy à financer, comme par exemple un outil de centralisation des données en internes, qui a pourtant un effet de levier énorme pour le projet.
Avoir la Fondation Caritas à nos côtés est aussi un gage de crédibilité énorme, c’est presque un label et ça nous a permis de gagner la confiance de certains partenaires qui nous ont suivi après. On a pu par exemple se rapprocher du Ministère des solidarités dans le cadre du Plan lutte contre la pauvreté à l’époque. Ça nous a permis de prendre du temps pour créer du lien avec d’autres associations qui sont sur le même créneau que nous et d’échanger des bonnes pratiques. Ça nous a aussi permis de développer un vrai sentiment de fierté en interne parce que la Fondation porte de belles valeurs et on était très contents de pouvoir faire rayonner ces valeurs auprès de nos bénévoles.
Si je dois garder un souvenir marquant, c’est celui du diagnostic en amont du programme. La Fondation Caritas était très consciente de l’augmentation de la pauvreté durant cette période de COVID et, avant le lancement du programme, ils nous ont demandé de leur faire part de nos enjeux du moment et nous ont invité à soumettre un projet. Dans ce nouveau programme, il y avait vraiment cette volonté d’être partenaire de notre projet et de nous faire confiance pour ce qu’on est et pour ce qu’on fait. Cela permet de sortir les associations d’une dynamique de création constante de nouveaux projets qui peut être éreintante au bout d’un moment, et même dangereuse pour l’association car si un projet ne marche plus, c’est toute une partie de l’association qui peut disparaître. La Fondation Caritas est arrivée à un moment qui était crucial pour nous et ça fait du bien d’avoir un rapport de confiance tel que la Fondation soit venue à nous, réfléchisse à la meilleure façon possible de nous aider, avec toute l’humilité qu’on connaît de l’équipe de la Fondation.
FCF – Pourquoi est-il important, selon vous, que la Fondation Caritas France continue à proposer des programmes pluriannuels avec un soutien à la fois financier et extra-financier ?
Selon moi, on devrait pouvoir proposer ce type de programmes partout car c’est ce qui est le plus utile aux associations. Avoir un soutien pluriannuel, ça permet d’économiser du temps en se concentrant sur le projet plutôt que sur les financements. Pour une fondation, le fait de réunir les porteurs de projet régulièrement, ça permet de suivre les projets de façon très informelle et ça permet d’opérer un transfert du statut de financeur, qui peut parfois être un peu vertical, vers un statut de partenaire, avec le développement d’une vision qu’on a défini ensemble. J’ai donc toute confiance en la Fondation Caritas pour prêcher cette belle parole et pour continuer à l’avenir à proposer ce type de soutien.
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