Aller au contenu principal

Florence Rizzo - Ecolhuma

Florence Rizzo - Ecolhuma

Portait Acteurs de Résilience

Florence Rizzo, Co-fondatrice et co-directrice de Ecolhuma

 


FCF – Quel a été le projet porté par votre association dans le cadre du programme Acteurs de Résilience 2021-2023 ? Quels objectifs souhaitiez-vous atteindre ?

Nous étions dans une période particulière avec la crise sanitaire et Acteurs de Résilience est arrivé à un moment particulier de la vie des organisations pour répondre à un besoin social qui était très fort. Sur la question de l’école, la crise sanitaire a beaucoup fragilisé les publics les plus en difficulté. On a vu des taux de décrochage particulièrement forts en lycée professionnel car ce sont des matières qui requièrent une présence physique. Si une partie des contenus pouvaient être digitalisés, il y a une partie qui a été très difficile dans la continuité pédagogique. Le point de départ du projet c’était alors d’outiller la “génération Covid” pour éviter qu’elle décroche définitivement. Le projet a été de travailler sur deux cibles : les élèves scolarisés en éducation prioritaire et les élèves scolarisés en lycée professionnel, deux endroits du système où il y a le plus de difficultés et d’élèves fragilisés.

On a mené un certain nombre d’actions avec nos différents leviers d’action : le renforcement des enseignants avec la plateforme EtreProf, et le renforcement des capacités des chefs d’établissement avec la plateforme ManagEduc. Grâce à Acteurs de résilience, on a pu prototyper un programme d’accompagnement en présentiel des établissements scolaires,
des lycées professionnels notamment, pour qu’ils construisent une résilience collective, c’est-à-dire qu’ils puissent travailler ensemble en intelligence collective pour résoudre les problématiques qui émergeaient au sein de leurs établissements. Et pour compléter tout ça, on a mené des enquêtes scientifiques sur le décrochage scolaire pour mieux comprendre les perceptions et les pratiques réelles des enseignants au fil de ces dernières années, et voir l’évolution de ces perceptions et pratiques pédagogiques.

Quantitativement, c’est plus d’un millier d’enseignants qui ont été formés via les parcours. On a organisé une quinzaine d’ateliers numériques, on a diffusé des ressources à grande échelle, on a mis en place un programme spécifique pour accompagner les néo-enseignants qui, en général, sont affectés en éducation prioritaire. On a animé un réseau de chefs d’établissement engagés en lycées professionnels, et puis on a accompagné une vingtaine d’établissements, que ce soit sur la question de comment soutenir l’engagement des élèves, comment travailler sur le climat scolaire, ou encore comment accompagner les jeunes sur les logiques d’orientation. Ce sont autant d’actions qu’on a pu réaliser grâce au programme Acteurs de Résilience.

FCF – Qu’est-ce que le programme a changé pour votre association ? Et quel est votre souvenir le plus marquant concernant le programme ?

Je pense que l’apport de la Fondation Caritas est important sur la marque de confiance et le label que ça apporte, parce qu’il y a des fondations abritées qui sont aussi très soucieuses du travail d’investigation et d’évaluation qui est fait par la Fondation Caritas et qui offre du crédit, de la réassurance. Il y a eu pas mal de moments de partage entre les associations lauréates, ce qui permet d’avoir une dynamique et une culture communes autour de l’accompagnement des publics les plus fragiles. Et puis, grâce à la Fondation Caritas, on a aussi pu avoir une évaluation de l’impact avec le cabinet Kimso, juste avant nos dix ans. Elle a permis d’objectiver et de comprendre qualitativement ce qu’apporte le programme aux enseignants, mais aussi aux élèves, puisqu’ils sont allés jusqu’à aller observer en classe et interviewer des enfants.

La présence de Jean-Marie Destrée, notamment à notre comité des partenaires stratégiques, a été très importante pour nous. Qu’il comprenne la stratégie générale de l’organisation et qu’il s’y implique, y participe, pour soutenir la stratégie générale sur le moyen long terme, c’est très fort et ça a été très important. C’est quelqu’un de très bienveillant, à l’écoute, et c’est clé quand on porte des programmes qui ne sont pas toujours simples. Son implication et son engagement ont été très précieux.

FCF – Pourquoi est-il important, selon vous, que la Fondation Caritas France continue à proposer des programmes pluriannuels avec un soutien à la fois financier et extra-financier ?

C’est fondamental. Sur des sujets comme l’éducation, on s’inscrit dans un temps long. Et l’avantage qu’on peut avoir, en tant qu’acteur de la société civile et de la philanthropie, c’est de pouvoir justement s’inscrire dans un temps long, alors que parfois, le moment politique peut être dans un temps beaucoup trop court par rapport aux besoins du terrain. Le temps long, c’est extrêmement important, extrêmement précieux, pour avoir un impact dans la durée. Et je pense que c’est là toute la place de la société civile. 

Par ailleurs, je pense que ce qui est intéressant dans le côté pluriannuel, c’est aussi la confiance et la capacité à anticiper, puisqu’on écrit des plans stratégiques à trois ans. Le fait d’avoir un acteur qui s’engage avec nous sur la totalité du plan stratégique, ça nous permet de prévoir, d’anticiper, de voir venir, et, de fait, d’augmenter notre impact, plutôt que d’avoir une gestion très court-termiste. Il y a ce double enjeu, à la fois vis-à-vis de l’externe, vis-à-vis des besoins, qui nous permettent de nous ancrer dans un temps long, et vis-à-vis de l’interne et de nos plans stratégiques, qui est un outil de prévision et de bonne gestion des moyens qui nous sont alloués.

Je trouve qu’Acteurs de Résilience pourrait être un programme qui pourrait durer plus longtemps, pour faire vivre dans la durée ces thématiques fortes. On a besoin de continuer à construire ces formes de résilience collective. C’est un programme puissant pour fédérer des philanthropes et des acteurs de la société civile dans une résilience collective.

A lire également : le portrait de Armand Hurault, Directeur de l’association Festin

 

Florence Rizzo - Ecolhuma