Anne Charpy - VoisinMalin

Portrait Acteurs de Résilience
Anne Charpy, Présidente fondatrice de VoisinMalin
FCF – Quel a été le projet porté par votre association dans le cadre du programme Acteurs de Résilience 2021-2023 ? Quels objectifs souhaitiez-vous atteindre ?
Nous avons porté un projet de repositionnement et de transition vers un nouveau modèle de développement. Pendant dix ans, on a été dans la démonstration du modèle de VoisinMalin, pour montrer que le porte-à-porte, ça marche, ça permet aux gens d’accéder à l’information, de se mettre en mouvement, d’agir dans leur vie. On a grossi en ouvrant deux à trois nouvelles antennes par an. Or l’énergie que nous prend la croissance, et la structuration une fois qu’on grandit, on a compris qu’on avait plus envie de la mettre dans le fait d’approfondir notre action sur la cinquantaine de quartiers populaires où on est déjà présents : en innovant, en s’appuyant plus sur les Voisins et les Voisines Malines qui ont envie d’aller plus loin, sur nos partenaires qui nous font confiance, en coopérant différemment avec les autres associations des quartiers. On a donc pris la décision d’arrêter d’ouvrir de nouvelles équipes. En revanche, on savait qu’il y avait des super associations, dans plein de quartiers, qui font des choses assez proches des nôtres et qui avaient envie d’apprendre de notre démarche de porte-à-porte en mobilisant les habitants. Et donc on a aussi choisi d’accompagner ces associations et de transférer nos savoir-faire à d’autres.
Le programme nous a donc permis de tester cette nouvelle approche, à la fois en apprenant une nouvelle posture, en faisant évoluer certains rôles chez VoisinMalin, en développant des projets qui étaient inter-quartiers, inter-métiers. Par exemple, en prenant le temps d’adresser la question des femmes à partir des expériences vécues dans nos propres équipes de Voisines Malines.
On a ouvert plein de possibilités grâce à ce programme, pour écrire la nouvelle page des dix prochaines années de VoisinMalin.
FCF – Qu’est-ce que le programme a changé pour votre association ? Et quel est votre souvenir le plus marquant concernant le programme ?
Je pense que la Fondation nous a permis d’être fidèles à nous-mêmes, à la vision qu’on porte, et à ce qu’on apporte d’essentiel à la société. On ne connaissait pas tellement la manière dont on allait y arriver, mais elle nous a permis de faire confiance à cette vision de changement social qu’on porte profondément et qui implique ces choix un peu audacieux.
On a aussi traversé des crises dans cette période et la Fondation était présente dans ces moments-là. On a pu parler très ouvertement des difficultés, notamment économiques, induites par ce changement de modèle et la Fondation nous a aidé à trouver certaines solutions. Ça a été extrêmement précieux. Il y a peu de partenaires financiers auprès desquels on peut être dans une parfaite transparence comme ça.
Ça fait du bien de se sentir écouté, d’avoir quelqu’un qui nous aide à trouver des solutions et donc de passer ces crises qui nous rendent plus forts et qui nous permettent de mûrir.
Ce que j’aime dans la Fondation, c’est qu’elle ne nous enferme pas dans des modèles tout tracés, c’est un compagnon qui chemine à nos côtés et qui fait que, comme on est moins seuls, peut-être qu’on prend des risques plus importants, en sachant qu’il y a cette Fondation qui est là, en termes d’écoute, d’idée, de mise en relation, de conseil, etc.
FCF – Pourquoi est-il important, selon vous, que la Fondation Caritas France continue à proposer des programmes pluriannuels avec un soutien à la fois financier et extra-financier ?
Avec toutes les crises, je pense que l’enjeu aujourd’hui est de trouver sa place et de savoir où apporter son engagement, sa vision essentielle, dans un monde en évolution. Ça suppose une transformation profonde des personnes, des organisations, des manières de faire et la Fondation est dans cette propre transformation. Le monde très organisé, le monde de la grandeur, de la croissance, à mon sens, est beaucoup questionné par ces crises qu’on rencontre aujourd’hui. La Fondation a une taille humaine, une écoute, une agilité, une capacité à faire confiance et à s’engager à nos côtés qui permet cette transformation fondamentale pour affronter les enjeux de demain. Pour avancer dans cette direction, il faut avoir un minimum de socle de solidité et c’est là que la Fondation est présente aussi. Elle a contribué, par exemple, à la création d’un poste de comptable, qui n’est pas sexy à financer mais qui consolide et sécurise l’association. Cette sécurité permet de te laisser par ailleurs bousculer dans tes manières de faire, de te former à de nouveaux sujets, de prendre le temps d’analyser, de prendre du recul.
La Fondation, à travers ces nouveaux programmes, nous accompagne et nous donne un soutien énorme, socle nécessaire pour ces moments de transformation.
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