Prix 2012 de la Fondation de recherche Caritas

La Fondation de recherche Caritas a choisi de récompenser cette année une étude sur les logiques économiques des personnes qui survivent avec peu de moyens financiers. Son auteur, la sociologue Ana Perrin-Heredia, 31 ans, a mené son enquête pendant plusieurs années en s’immisçant dans la vie quotidienne des habitants d’un quartier pauvre d’une ville moyenne française. Elle s’est intéressée aux revenus des foyers, à leurs dépenses (nécessaires ou suscitées), et à leur manière de « s’en sortir ou non ».

Le groupe domestique, sa taille, sa structuration, le statut de ses membres et la nature des liens qui les unissent sont autant de paramètres que Madame Perrin-Heredia recense pour constater l’importance considérable des réseaux sociaux (familiaux, amicaux, de voisinage) ainsi que du maillage associatif et institutionnel dans la survie économique des plus pauvres.

L’auteur souligne le décalage qui existe entre « les compétences légitimes transmises par les accompagnateurs budgétaires » et les pratiques empiriques (« compétences profanes ») acquises par la socialisation familiale, amicale, professionnelle. Ces pratiques « ne sont pas reconnues comme telles alors même qu’elles sont efficaces». L’auteur soutient que les modèles préconisés par les accompagnateurs budgétaires sont « susceptibles de déstabiliser plus encore des équilibres économiques fragiles : imposer, par exemple, le prélèvement automatique ou la mensualisation des dépenses lorsque les revenus ne sont ni fixes ni réguliers risque d’introduire des rigidités supplémentaires dans des systèmes économiques qui manquent pourtant déjà cruellement de souplesse ».

Jacques Duffaut, Secours Catholique

Téléchargez l’intervention d’Ana Perrin Heredia lors du Colloque du 13 novembre 2012